Un plateau relevé

Nous avions précédemment présenté les vainqueurs d’étape (Montpellier, Schiltigheim, Brest, Arles-Avignon et le CFFP) hormis l’US Torcy, vainqueur la veille dans cette même enceinte du Nord. A ces équipes se sont ajoutés les deux meilleurs 2e (Bourgoin-Jallieu et le FC Nantes) ainsi que le LOSC, hôte de la compétition. C’est donc un plateau de grande qualité que proposait cette finale lilloise, avec des profils très différents (des clubs pros, des clubs amateurs et un centre de formation).

Dès le matin et jusqu’au début d’après-midi, les 10 équipes se sont rencontrées pour déterminer qui pourrait accéder au dernier carré. Au programme, une opposition face aux neuf autres équipes dans des matchs de neuf minutes. Comme le soulignait la majorité des entraîneurs, ce format de jeu très court (habituellement les jeunes jouent 2×30 minutes) ne laisse pas beaucoup de place à l’erreur et aux approximations. Un but encaissé compromet ainsi grandement la victoire. Au cours des matchs de la phase qualificative, le rythme des rencontres a été très soutenu avec parfois un gros pressing et beaucoup d’intensité. Dans cette configuration, plus de 30% des 45 matchs de la phase qualificative ce sont soldés par un match nul et la grande majorité des équipes qui avaient ouvert le score l’ont emporté.

Au final, ce sont l’US Torcy (l’une des 3 seules équipes à avoir obtenu le bonus avec Toulouse et le Losc), Montpellier, le CFFP (meilleure défense) et Toulouse qui accédaient au dernier carré. Le LOSC, de son côté, pourra regretter son dernier match contre Torcy (0-0) qui aurait pu lui permettre de passer devant le TFC.

Brahim Boubekeur, coach de l’ACA Arles-Avignon qui présentait une équipe U11(10e de la finale nationale) : « L’organisation était parfaite et les enfants ont été traités comme de vrais petits professionnels. Concernant le jeu, je suis très satisfait de ce que nous avons proposé. Même si nous terminons dernier, nous sommes loin d’avoir fait de la figuration. Nous perdons par exemple 1-0 contre Toulouse (demi-finaliste) alors que nous avons dominé tout le match. Contre les deux équipes parisiennes (Torcy et le CFFP), c’est sur le plan physique que ça a été difficile. Techniquement et dans le jeu, je trouve que nous étions au niveau. Les petits ont d’ailleurs été félicités par chaque éducateur de chaque équipe ».

Houssama El Ghazi, coach de Schiltigheim (8e) :  « Au niveau organisation c’est l’un des meilleurs tournois que j’ai fait. Nous avons été mis dans les mêmes conditions que des professionnels. Les enfants ont été très contents malgré le résultat. Ce tournoi va laisser de très beaux souvenirs aux enfants mais aussi aux dirigeants. Athlétiquement et physiquement, nous avons souffert mais dans le jeu, nous n’avons pas à rougir. Le tournoi a permis justement de voir où sont nos difficultés. C’est une très bonne base de travail ».

Focus sur le Stade Brestois

Comme chaque blogueur présent, nous avons suivi une équipe en particulier. Pour ma part, ce fût le Stade Brestois, dont le staff (Rayan Allot et Mathieu Gouriou) m’a tout de suite invité à m’asseoir sur le banc à leurs côtés.

Au terme, des 9 premiers matchs qui devaient déterminer les 4 équipes qualifiés, les jeunes brestois pointaient à une septième place, insuffisante pour poursuivre l’aventure. Fatigués et un peu tétanisés par l’enjeu, ils n’ont pas pu réitérer la très belle performance entrevue à Rennes. Comme le soulignait Rayan Allot, coach des Brestois, les jeunes avaient déjà eu une compétition quelques jours auparavant et les performances s’en sont clairement ressenties. Le Stade Brestois remporte, malgré tout le Prix du Fair-Play « Fondaction du football ».

Rayan Allot, coach du SB29 (7e de la finale nationale) : « Au-delà du résultat, nous sommes là pour faire passer un message. Sur le terrain, il y avait une forte intensité et un gros rythme. Progressivement, nous avons un peu perdu pied car nous pensions peut être un peu trop à la qualification. Nous devons maintenant leur apporter les bons messages et relativiser les choses pour qu’ils puissent se tourner sereinement vers les prochaines échéances ».

Blaise Matuidi, le parrain idéal

Cette finale française était aussi l’occasion de voir Blaise Matuidi, parrain de la compétition, arpenter la pelouse du Stadium à la rencontre des jeunes. Tout sourire, le joueur parisien, s’est rendu très disponible tout au long de l’après-midi, répondant aux questions des enfants, n’hésitant pas à réconforter les déçus et à encourager ceux pour qui la victoire était encore envisageable. Au milieu des jeunes, le parisien était vraiment dans son élément. L’international français a d’ailleurs était rejoint par Rio Mavuba, lui aussi très sollicité. Deux joueurs qui par leur travail et leur abnégation font véritablement figure d’exemples pour tous les jeunes joueurs.

Très disponible, Blaise a aussi répondu à nos questions. S’il avoue avec beaucoup d’humilité qu’il aurait aimé pouvoir jouer cette compétition mais qu’il n’était pas assez bon pour le faire, il délivre aussi des conseils avisés sur la marche à suivre pour accéder au statut de professionnel. Travail, écoute et plaisir sont les trois mots qui sont revenus avec insistance. A quelques semaines de l’Euro, Blaise a aussi souligné les « possibilités » d’un groupe France qui se connaît très bien. Comme à son habitude, en Bleu et au PSG, le natif de Toulouse « donnera tout ».

Une finale francilienne

Les demi-finales voyaient s’opposer l’US Torcy et le TFC d’un côté et Montpellier et le CFFP de l’autre. Le premier match a tenu toutes ses promesses. Dans une confrontation très serrée, ce sont finalement les torcéens qui ont su s’imposer malgré une belle opposition. Dans l’autre match, le CFFP s’est finalement imposé 2-0 mais le match aurait pu être tout autre puisque les montpellierains ont eu deux occasions franches alors que le score n’était que de 0-0.

Enzo Donis et Ludovic Margouet entraîneurs de Montpellier (éliminé en ½ finale contre le CFFP) : « Nous avons relativiser avec les enfants. La défaite est un peu cruelle et frustrante contre le CFFP puisque nous avons deux occasions franches en début de match. En 9 minutes, il faut vite trouver des solutions mais cela n’empêche pas de proposer du jeu. Quoiqu’il arrive, tout cela sera formateur pour les enfants. Au niveau de l’organisation, c’était magique pour les enfants comme pour les éducateurs. Blaise Matuidi a eu un geste de Grand en venant naturellement réconforter les enfants. Maintenant, il va falloir redescendre les pieds sur terre et se remettre au travail ».

La finale nationale de cette 17e édition de la Danone Nations Cup était donc 100% « parisienne » avec une opposition entre l’US Torcy (vainqueur la veille à Lille) et le CFFP (vainqueur la semaine précédente à St Ouen). Une confrontation entre l’équipe la plus prolifique offensivement (Torcy a inscrit 13 buts en 10 matchs) et la défense la plus hermétique (0 but encaissé pour le CFFP). Dans un match très serré, l’ouverture du score intervenait sur coup de pied arrêté. D’un splendide coup-franc que le gardien torcéen ne pouvait qu’effleurer, Wilson Samake permettait au CFFP d’ouvrir le score à la 6e minute de jeu. Un avantage décisif puisque le score n’évoluera plus. La déception et les larmes des torcéens (malgré le titre de meilleur joueur pour Nolan Delhelle) contrastaient forcément avec la joie des jeunes du CFFP et le chant entonné par Darling Bladi (le capitaine).

Le plan exposé par Lamine Kezzim, dans notre dernier entretien, aura donc fonctionné à merveille. Tout au long de la compétition, le CFFP a mis en place un gros pressing, empêchant les autres équipes de développer leur jeu et sanctionnant chaque perte de balle. Le CFFP termine aussi la compétition sans avoir encaissé le moindre but, preuve d’une vraie solidité défensive (secteur dans lequel les jeunes ont fait le plus de progrès selon leur entraîneur). Cette invincibilité, le CFFP la doit aussi à Trésor Mikael-Ange, son talentueux gardien (l’un des meilleurs de la compétition), comme en témoigne cette parade décisive lors d’un face à face en finale.

Les jeunes du CFFP auront donc l’honneur de représenter la France en octobre prochain lors de la finale mondiale de la Danone Nations Cup au Stade de France. Ils succèdent à une autre équipe parisienne (le Paris FC) qui avait terminé 3e l’année dernière au Maroc. Espérons que les jeunes parisiens suivent les traces du RC Lens, vainqueur en 2013 dans le mythique stade de Wembley.

Galerie photos de la Danone Nations Cup 2016