Alors que Dayot Upamecano vient de s’engager avec le Red Bull Salzbourg, de nombreux observateurs s’interrogent sur le choix du jeune Champion d’Europe U17 du Valenciennes FC, remettant en cause son choix de s’exiler en Autriche.

Valenciennes était vendeur

Afin de comprendre le départ de Dayot Upamecano, il faut tout d’abord savoir que le Valenciennes FC était vendeur. En quête de liquidités pour équilibrer son budget, le club nordiste était presque contraint de séparer de son défenseur central pour un montant légèrement supérieur à 2M€. Une rentrée d’argent conséquente pour Valenciennes afin de libérer un joueur qui n’a jamais évolué au plus haut niveau jusqu’à présent.

Le transfert du jeune international U17 n’était sans doute par ardemment souhaité par les dirigeants valenciennois et encore moins par les supporters du club nordiste, mais l’indemnité de transfert versée par le Red Bull Salzbourg est une véritable aubaine. Même si il est certain que sa valeur aurait encore augmenté s’il était devenu titulaire à Valenciennes.

Au milieu des stars à Manchester ?

Annoncé à Manchester United puis à Manchester City, le destin de Dayot Upamecano semblait se dessiner de l’autre côté de la Manche. Les négociations tripartites ont duré plusieurs semaines, avant que le français fasse finalement le choix de rejoindre l’Autriche.

Si ce choix de « refuser » les deux Manchester peut paraître surprenant, il faut tout de même s’interroger sur les politiques de formation de ces deux clubs.

Réputé pour la qualité de son centre de formation dans les années 90 (Beckham, Giggs, Scholes and co …), Manchester United peine à sortir des jeunes joueurs de qualité depuis quelques années. Recruté par Manchester United à l’âge de 16 ans, alors qu’il évoluait au Havre, Paul Pogba n’a jamais réellement eu sa chance chez les Red Devils et a littéralement explosé suite à son départ à la Juventus Turin.

L’autre club de Manchester, City, était également particulièrement intéressé par le transfert d’Upamecano. Très agressif sur le « mercato des jeunes », Manchester City s’est constitué une Academy particulièrement peuplé. Avec le recrutement de nombreux jeunes africains qui ont brillé au niveau international (Kelechi Iheanacho ou Chidiebere Nwakali) mais également d’internationaux français (Thierry Ambrose, Seko Fofana, Jules Ntcham ou encore David Faupala hier), Manchester City présente des effectifs de qualité mais où il est particulièrement difficile de se faire une place. Dès lors, quel intérêt pour un jeune français d’aller s’entasser dans un vestiaire déjà bondé. On peut d’ailleurs penser que ces jeunes français auront de grandes difficultés à percer au plus haut niveau, en tout cas sous les couleurs de Manchester City.

L’aspect financier ou l’aspect sportif ?

Plusieurs réactions sur les réseaux sociaux évoquent l’aspect financier de ce transfert. S’il est légitime de penser que le salaire de Dayot Upamecano au Red Bull Salzbourg sera largement supérieur à ce qu’il aurait pu gagner à Valenciennes en tant que stagiaire pro, il faut surtout effectuer une comparaison avec les salaires proposés habituellement par les deux clubs de Manchester, et plus spécifiquement par les Citizens.

Il faut savoir que si Manchester United propose des salaires importants mais classiques, jouant surtout sur la réputation de son centre de formation, Manchester City n’hésite pas à proposer des rémunérations que nous pourrions qualifier de « hors marché ». Selon les informations d’EspoirsduFootball.com, des jeunes éléments de l’Academy de Manchester City touchent des salaires supérieurs au salaire moyen de la Ligue 1. Il n’est pas rare que des propositions de Manchester City pour de jeunes joueurs soient supérieures à celles offertes à des joueurs confirmés de Ligue 1.



Dès lors, difficile de penser que le transfert de Dayot Upamecano est dicté par des choix uniquement financiers. Même si, rappelons le, le Red Bull Salzbourg est loin d’être un club pauvre. Au contraire, on pourrait même qualifier le club autrichien de « nouveau riche » !

Mais alors pourquoi le Red Bull Salzbourg ?

Quand on évoque le club de Salzbourg, il faut forcément lié son nom à celui de Red Bull. Fondé en 1933, le SV Austria Salzbourg, a changé de nom il y a 10 ans, suite à son rachat par le puissant groupe autrichien Red Bull. La célèbre marque de boissons énergisantes, qui s’est lancée dans le sponsoring d’événements sportifs d’ampleur mondiale (NDLR : citons par exemple le record du monde du saut en parachute de Felix Baumgartner, largement médiatisé) a investi des millions dans le FC Red Bull Salzbourg dès 2005. Avec un entraîneur célèbre (Giovanni Trapattoni) et des recrutements d’anciennes gloires (Niko Kovac, Vratislav Lokvenc, Alexander Zickler), le club autrichien s’impose rapidement comme le meilleur club du pays.

Malgré les titres et le mécénat de Red Bull, les recettes restent maigres en raison des faibles résultats sur la scène européennes mais également des petits droits télés et des faibles revenus générés par des ventes de joueurs. Difficile de récupérer de grosses indemnités de transfert, quand la plupart de ses recrues sont en fin de carrière.

Les dirigeants du club ont donc fait le choix de faire évoluer leur stratégie en misant désormais sur des joueurs en devenir. Pour cela, Red Bull, qui sponsorise également le club de New-York et celui de Leipzig, a fait appel aux compétences de nombreux techniciens réputés pour leur capacité à dénicher de futurs talents. L’allemand Ralf Rangnick et surtout le français Gérard Houllier ont ainsi rejoint le club ces dernières années. Ancien DTN et sélectionneur de l’Equipe de France, mais également manager de Liverpool, Gérard Houllier connaît parfaitement les modèles de formation français et anglais.

La volonté du club est désormais de continuer à briller en Autriche, tout en se faisant une place sur la scène européenne. Un peu comme le FC Porto, l’un des objectifs du Red Bull Salzbourg est de recruter des joueurs prometteurs afin de les exposer en Europe et augmenter leur valeur marchande. Si le raisonnement peu paraître cynique, il semble évident que cette stratégie, est la seule à offrir un modèle économique viable au club. Et elle apparaît surtout comme la seule alternative pour attirer des joueurs disposant d’autres offres financièrement intéressantes.

Ainsi, le Red Bull Salzbourg s’est constitué des équipes particulièrement séduisantes ces dernières années. Nous pouvons par exemple citer l’espagnol Jonathan Soriano, ancien attaquant de la réserve du FC Barcelone et qui brille depuis trois saisons à la pointe de l’attaque de Salzbourg (91 buts en 104 matchs). Mais il faut surtout mettre en avant les cas du sénégalais Sadio Mané (recruté pour 4M€ au FC Metz en 2012 et vendu pour 14M€ à Southampton en 2014), du slovène Kevin Kampl (recruté pour 3M€ à Aalen et vendu pour 12M€ au Borussia Dortmund en janvier dernier) ou encore du brésilien Alan (arrivé de Fluminense en 2010 et revendu pour 12M€ en Chine l’hiver dernier).

Désormais capable de justifier cette réputation de « club passerelle », le Red Bull Salzbourg continue d’attirer de jeunes talents qui ne demandent qu’à se révéler et exploser. Le guinéen Naby Keita (20 ans), recruté au FC Istres la saison dernière s’est déjà affirmé comme l’un des meilleurs éléments du championnat autrichien au même titre que le norvégien Valon Berisha (22 ans) et le péruvien Yordy Reyna (21 ans). D’autres joueurs ne demandent qu’à éclore : le brésilien Felipe (20 ans), le croate Duje Caleta-Car (18 ans) ou encore le japonais Takumi Minamino (20 ans). Citons également le bosnien Smail Prevljak (20 ans), auteur de 14 buts en 17 matchs de deuxième division autrichienne avec le FC Liefering.

Car afin de pouvoir faire éclore ses jeunes recrues, le Red Bull Salzbourg a tout prévu. Son équipe réserve, le FC Liefering, acheté il y a trois ans, évolue en deuxième division autrichienne. De quoi offrir des perspectives à certains joueurs pas encore assez mûrs pour monter en équipe première. Nouvel entraîneur du Red Bull Salzbourg, Pieter Zeidler reste sur une expérience de trois ans sur le banc du FC Liefering. Une équipe réserve qui a terminé deuxième du dernier championnat mais qui n’a logiquement pas été éligible à rejoindre la première division.

Cet été, le Red Bull Salzbourg continue donc ses emplettes et a fait signé le japonais Masaya Okugawa (19 ans) et le jeune espoir suisse Dimitri Oberlin (17 ans). Sans compter les contacts très avancés avec le jeune international U18 français du Stade Rennais Ousmane Dembélé.

Comme nous le révélions sur Twitter il y a quelques jours, le Red Bull Salzbourg est très actif sur le marché français en raison de la présence de Gérard Houllier à la coordination sportive, mais également de l’arrivée du nouveau coach, Pieter Zeidler, francophone et ancien entraîneur du Tours FC. Selon nos informations, plusieurs jeunes internationaux français ont été approchés par le Red Bull Salzbourg ces dernières semaines.

Autant dire que le choix de Dayot Upamecano, qui peut apparaître surprenant, s’inscrit dans un projet de club séduisant financièrement mais surtout sportivement.

Fiche Dayot Upamecano

  • Nom : Upamecano
  • Prénom : Dayot
  • Date de naissance : 27 octobre 1998
  • Lieu de naissance : Evreux (France)
  • Poste : Défenseur
  • Clubs successifs : Vaillante Angers (2004 à 2007), FC De Prey (2008 à 2009), Evreux FC 27 (2009 à 2013), Valenciennes FC (2013 à 2015), FC Red Bull Salzbourg (depuis 2015)